Une ville, une identité!
- slateltin
- 19 août 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 janv. 2019

Port-au-Prince
Si vous aimez vous balader en ville, vous laisser imprégner par l'atmosphère d'une ville, autant vous dire qu'à Port-au-Prince c'est pas simple mais qu'est-ce que vous allez apprendre!
Il est intéressant d'ailleurs comme cette ville personnalise tout le paradoxe Haitien.
Mes premiers jours dans ce pays ont été une succession de petits challenges... Les premiers, aller au travail ou au supermarket à pied!
Autant vous dire que vous prenez très vite conscience qu'être "blanc" met quelque peu à mal votre désir de rester discret. Et oui, même dans la capitale.
Tout d'abord, les bons côtés sont très nombreux!
Vous découvrez le caractère spontanné des haitiens. On vous lance sans cesse des "bonjou, ça va?" que ce soit de la part des enfants très curieux (peu de blanc se balade à pied) mais aussi des adultes. Vous ne pouvez pas vous déplacer sans avoir un sourire qui apparait petit à petit sur votre visage.
La ville étant un vrai labyrinthe, comme toute grande ville, mais les transports assez atypiques (voir le post) rajoutent encore un peu de confusion. Néanmoins, lorsque vous êtes perdu, pas de souci, vous découvrirez la gentillesse de ces habitants. Et oui, même en pleine heure de pointe, vous trouverez toujours quelqu'un pour vous guider, vous accompagner jusqu'à vous mettre dans le taxi!
Par contre, les difficultés sont encore bien plus nombreuses...
L'état de la ville. Comment dire... Lorsque vous voyez l'état de la ville vous comprenez à quel point les relations entre le gouvernement et le peuple sont dysfonctionnantes et malades. Les routes et trottoirs sont dans un état lamentable. Il n'y a aucune signalitique pour les voitures, des trous partout sur la route. Il faut aussi faire attention lorsque vous êtes piétons car les bouches d'égoûts ne sont plus protégées par des grilles, alors ne marchez jamais le nez en l'air, les conséquences seront bien plus désagréables qu'une crotte de chien!
Lorsque vous êtes conducteur, votre vigilance doit être à son paroxysme. Les motos très nombreuses. Elles vous doublent de tous les côtés et peuvent aussi sortir des trottoirs! Les clignotants ne vous servent à rien, il est tellement rare qu'ils fonctionnent d'ailleurs. Si vous tournez à gauche, ne comptez pas rester sur votre droite, prenez au plus court sinon vous risquez de créer un accident. En gros, vous êtes très souvent sur la voie inverse. Et oui, en tant que bon occidental, vous vous heurtez à une autre logique: "faites au plus rapide et au plus court tout en roulant au ralenti" car les dangers arrivent de tous les côtés (camions, voitures, piétons, chiens, cochons, coqs, euh... je vais m'arrêter là).
Les détritus sont je pense ce qu'il y a de plus désagréable. Ceux-ci s'empilent dans tous les coins de la ville, les pluies les charrie jusqu'à ce qu'ils soient stoppés par un mur, un trou. Les cochons, chèvres, chiens viennent s'y nourrir. L'odeur est nauséabonde. Et comme tout le monde, ce qui vous choquait en arrivant devient banal. L'image d'un bel homme, habillé costard-cravate, marchand de ses belles chaussures, fraichement cirées en rue, sur ces immondices, ne vous étonne plus après quelques mois.
Le bruit de la ville est réellement impressionnant aussi. Très rapidement vous comprenez que ces gens ont développé des capacités auditives qui feraient palir tout occidental. Ils sont réellement capables de chuchoter et de s'entendre dans un brouhaha ambiant. Pour vous faire une idée, imaginez le bruit des moteurs et des carlingues de ces vieilles voitures qui circulent en ville. Imaginez ces personnes se balladant dans la rue avec dans leur brouette une grande enceinte de musique et dont le son couvre les moteurs de voiture d'ailleurs! Imaginez le bruit de toutes ces vendeurs travaillant sur le trottoir, vendant nourriture et diverses petits biens. Ajoutez à cela, toutes les motos taxis stationnant en groupe et qui attendent un client. Avec des bouchons dans pratiquement toutes les rues. Vous réalisez maintenant ?
Alors voilà, vous comprenez maintenant pourquoi les provinciaux vous disent "Moi, pour rien au monde je vivrais à Port-au-Prince"...





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